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PELERINAGE, MOTIVATIONS ET MISE EN SCENE ? 

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PÈLERINAGE, MOTIVATIONS ET MISE EN SCÈNE ?

par Pierre SWALUS
pierre.swalus@verscompostelle.be

 

La publication sur les réseaux sociaux de vidéos ou de photos commentées par deux personnalités très connues dans le monde du pèlerinage francophone est à l’origine de mon questionnement.

Comment est-il possible de concilier ou de juxtaposer une démarche pèlerine avec une mise en scène presque journalière sur des réseaux sociaux de sa propre démarche.

Je souhaite vivement que ce questionnement ne blesse pas ces personnes, personnes que par ailleurs j’estime et apprécie.

L‘une des ces deux personnalité se met, en général, en scène en se filmant et en  faisant part, d’une manière peu structurée, de ses impressions ou sensations du moment, de ses questionnement par rapport à l’objectif de sa démarche ou en présentant  des photos de ses moments de rencontres ou des lieux qu’elle traverse ou des lieux où elle est accueillie.

L’autre, soit, partage des vidéos de grande qualité et à la mise en scène soignée de son état du moment, d’une réflexion, d’un épisode de sa journée, de son logement de fortune ou d’une rencontre avec un ou une pèlerine ou randonneur ou randonneuse, soit publie des photos illustrant son périple. Le plus souvent , elle est présente dans ses vidéos ou photos.

Les motifs pour lesquels une personne part en pèlerinage ou prend la route pour un cheminement long  sont très divers.

Ce qui motive le départ est propre à la personne et peut être très conscient mais cela n’est pas toujours le cas. Dans certains cas les motivations sont multiples et la personne ne sait pas elle-même ce qui est déterminant dans son choix.

Presque toujours le souhait est de rompre momentanément ou durablement  avec la vie que l’on mène, de changer de modèle, de rompre avec ce qui précède, d’avoir du temps pour soi, d’avoir le temps de penser, de réfléchir, éventuellement de se remettre ou de remettre sa vie en question.

Pour certains, la marche au long court, la découverte journalière de nouveaux horizons (au propre et au figuré), l’immersion dans la nature, les rencontres fortuites, l’inattendu constituent des motivations déjà suffisantes.

Pour d’autres encore la rupture avec la société de consommation, l’envie de vivre dans la simplicité, dans la sobriété, de se désencombrer de tout le luxe qui nous entoure, de tous les gadgets de la vie moderne, de tant de choses non essentielles qui nous accaparent est aussi une motivation profonde.

Le désir de se tester ou de réaliser quelque chose de difficile ou l’aspect sportif de la démarche sont aussi parfois des motifs de départ.

La défense de certaines causes, la promotion d’une idée ou éventuellement la récolte de fonds pour une œuvre ou une cause sont aussi à l’origine de certains pèlerinages.

L’aspect religieux  du « pèlerinage » vers un lieu saint ou l’aspect pénitentiel de la démarche peuvent être aussi des motivations  mais sont, selon moi, rares, du  moins comme motivation première…

L’effet de mode actuel, la grande publicité dont jouissent de plus en plus les chemins vers Compostelle, la grande communauté des « pèlerins » sur les chemins et la convivialité des repas pris en commun  sont certainement  une source de motivation à ne pas négliger.

Sauf dans les cas où la motivation unique est soit l’aspect sportif, soit l’aspect touristique, ou encore si la démarche a pour but la récolte de fonds pour une cause que l’on promeut, le cheminement suppose, me semble-t-il, de la personne, une certaine intériorité, un retour sur soi, une certaine mise en retrait, une certaine coupure avec le monde ou la vie d’avant  que l’on a quitté.

Ceci n’exclut bien sûr aucunement l’ouverture aux autres ou les rencontres, mais ces  rencontres sont celles inhérentes au chemin, les  gens que l’on croise dans les villages et bourgades, les commerçants, les hébergeurs, les autres qui marchent aussi…

Ne sont bien sûr pas non plus exclus, les contacts avec les membres de la famille proche pour les tenir informés de notre parcourt, pour les rassurer éventuellement ou tout simplement parce qu’on les aime.

Alors comment est-il possible de rechercher à la fois, intériorité, retraite, coupure avec le monde d’avant et extériorité recherchée, mise en spectacle public de sa démarche et de ses états d’âme ?

C’est un peu comme si une personne partait en retraite dans un couvent et publiait tous les jours ses états d’âme ou ses activités de la journée…

Comment arriver  à juxtaposer des choses qui pour moi sont inconciliables ?

Je n’ai pas de réponse, je n’ai que des questions ….

 

mis en ligne le 04/08/2023